© Musée Bourdelle - Rodin / Bourdelle - Corps à corps


Rodin / Bourdelle - Corps à corps
du 02 Oct. au 02 Fev. 2025

Musée Bourdelle
18, rue Antoine-Bourdelle
75015 Paris

www.bourdelle.paris.fr

Antoine Bourdelle (1861-1929) admira Auguste Rodin (1840-1917), de vingt ans son aîné. Il travailla pendant quinze années comme praticien, chargé de tailler des marbres pour Rodin. Le maître perçut en cet héritier, volontiers indocile, un « éclaireur de l’avenir ».

Parallèles, souvent superposées, leurs trajectoires méritent d’y consacrer une grande exposition. À travers plus de 160 œuvres, dont 96 sculptures, 38 dessins, 3 peintures et 26 photographies, le dialogue donne à voir, avec une ambition et une ampleur inédites, les fraternités et réciprocités comme les divergences et antagonismes de deux créateurs, de deux univers plastiques, porteurs des enjeux majeurs de la modernité.

L’ÂME DU MATÉRIAU

La première section interroge le rôle du praticien, montre pourquoi et comment Bourdelle devint les « mains » de Rodin, transcrivant dans la pierre des modèles en plâtre du maître, dont la magistrale Ève, exceptionnellement prêtée par la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague, constitue l’ultime chef-d’œuvre. Elle dit aussi la fascination réciproque des deux hommes pour le marbre et l’esthétique de l’inachevé. Un dispositif numérique interactif et tactile propose au visiteur de devenir praticien pour Rodin : à partir de situations réelles, il devra opérer des choix, faire preuve d’initiative ou bien répondre au plus près aux attentes du sculpteur.

Rodin et Bourdelle collectionneurs

Conçue comme un intermède au sein de l’exposition, cette partie montre que Rodin et Bourdelle furent l’un comme l’autre des collectionneurs enthousiastes. Choisi dans leurs collections respectives, un ensemble significatif témoigne de leur fraternité esthétique comme de leur curiosité insatiable : outre l’Antiquité gréco-romaine, des œuvres égyptiennes, hindoues japonaises, perses, des objets d’art et des sculptures médiévales donnent matière à rêver et à créer…

ESTHÉTIQUE DU FRAGMENT

Cette deuxième section souligne l’expressivité plastique d’un « corps en morceaux » – tête, main, torse –, auquel Rodin, le premier, confère une pleine légitimité.

Un ensemble de masques rappelle que cet abrégé saisissant de la personne fut largement exploité par les deux sculpteurs, en quête d’expressions synthétiques et de symboles puissants.

Les mains résument à elles seules l’esprit d’une composition, au point que certaines ont été traduites en marbre comme La Main de Dieu (1898- 1902) de Rodin ou fondues en bronze comme la Main désespérée (1900) de Bourdelle. Au regard des deux artistes, elles constituaient « un portrait en acte ».

De la vibration du modelé à la géométrisation et la synthèse des formes, le torse instaure un dialogue exemplaire entre des plâtres et des bronzes de Rodin et de Bourdelle et la radicalité de figures de Raymond DuchampVillon (1876-1918), de Constantin Brancusi (1875-1957), d’Alberto Giacometti (1910-1966), d’Ossip Zadkine (1888-1967), de Chana Orloff (1888-1968). Une percée temporelle où le torse s’érige en totem de la modernité.

LE MONUMENT(AL)

La troisième section pose la question du déploiement de la sculpture dans l’espace. Initiées par Rodin, poursuivies par Bourdelle, les prospections autour du socle attestent leur désir de repenser et décupler les proportions.

En revanche, la confrontation de Porte de l’Enfer et du Monument à Balzac du premier, de la façade du Théâtre des Champs-Élysées et du monument de La France du second, offrent une complète antithèse plastique. Au fourmillement vitaliste de Rodin, Bourdelle oppose sa capacité à contenir, maîtriser et architecturer.

MÉTAMORPHOSES ET HYBRIDATIONS

La dernière section s’intéresse aux centaures, centauresses, symbiose de l’animal, du végétal et de l’humain. Rodin et Bourdelle puisent dans l’intarissable source mythologique pour explorer et libérer, en dessin comme en sculpture, les potentialités inépuisables de la forme.

ÉPILOGUE

L’exposition se clôt sur l’exploration de la figure debout dans la lignée de L’Homme qui marche de Rodin : l’Autoportrait sans bras de Bourdelle, Le Serf d’Henri Matisse (1869-1954), L’Homme qui marche de Germaine Richier (1902-1959) et l’Homme traversant une place d’Alberto Giacometti (1901-1966) mettent ainsi en évidence la postérité de la voie expressionniste rodinienne comme de la synthèse bourdellienne.

Cette partie vise donc à souligner l’influence des deux maîtres à la source des avant-gardes, avec en contrepoint, des œuvres d’Henri Matisse, Constantin Brancusi, Raymond Duchamp-Villon, Ossip Zadkine, Chana Orloff, Alberto Giacometti, Germaine Richier

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