© Galleria Continua - Eva Jospin



Eva Jospin : Tromper l'Oeil -  du 07 Juin au 14 Sept. 2024

Galleria Continua
87 rue du Temple
75003, Paris


www.galleriacontinua.com

GALLERIA CONTINUA est ravie de présenter, pour la première fois dans son espace parisien, Eva Jospin avec Tromper l’œil, une exposition qui célèbre la première année de collaboration avec l’artiste.

Depuis une quinzaine d’années, Eva Jospin sculpte et travaille le carton, s’inscrivant de manière pérenne et durable dans le panorama de l’art contemporain français. Tromper l’œil s’insère dans une année riche en actualités pour l’artiste, qui expose notamment au Musée Fortuny de Venise (Selva), en parallèle de la 60ème édition de la Biennale d’art contemporain, ainsi qu’à l’Orangerie du Château de Versailles cet été.

Située au premier étage de la galerie, l’exposition rassemble des œuvres récentes et inédites, créées spécifiquement pour l’occasion. En réunissant les thématiques chères à l’artiste, une variété de techniques est explorée: de ses emblématiques forêts et architectures en carton à ses dessins, broderies et bronzes, ainsi qu’une nouvelle série d’œuvres dévoilée pour la première fois au public.

Le titre de l’exposition fait référence au trompe-l’œil, genre pictural figuratif existant dès l’antiquité et très prisé à la Renaissance. Le récit de son origine, relaté par Pline l’Ancien, transcrit l’histoire d’une rivalité entre deux peintres, les poussant à créer des œuvres si réalistes qu’ils parviennent pour l’un à tromper la nature et pour l’autre, à tromper son rival.

Tromper l’œil vient donc du plaisir pour l’artiste de jouer avec le réel et pour le visiteur de se laisser surprendre, de se laisser porter par l’illusion. L’espace d’exposition devient alors une grande scène de théâtre, où l’artifice se révèle pas à pas. L’œil se perd, se leurre, se fascine continuellement; il est impossible pour lui d’embrasser la totalité des détails, des énigmes posées tout au long du chemin.

Les œuvres de l’artiste sont figuratives, mais la représentation ne se veut jamais narrative. Eva Jospin invite le flâneur à déambuler, à contempler, à imaginer et construire son propre récit. Dans Tromper l’œil, on se promène à l’orée des bois, des forêts fossiles, mais également au cœur des jardins de la renaissance, des nymphées, et grottes antiques. Ces influences émanent certes des contes et de la mythologie, mais surtout d’une foisonnante culture artistique, qui balaye les siècles et les représentations graphiques et sculpturales.

Dans un jeu d’échelle permanent, l’artiste sculpte, découpe, taille le carton pour assembler son Promontoire, sculpture majestueuse constituant un chef d’œuvre (en référence à la pièce qu’un compagnon doit réaliser pour devenir maître dans sa pratique). Une gloriette, une grotte et un labyrinthe s’érigent dans l’espace, liés entre eux, par un aqueduc et un pont, invitant le visiteur à donner libre cours à son imagination.
L’œuvre d’Eva Jospin se construit par une accumulation de couches successives de carton, qu’elle sculpte par addition, créant peu à peu le volume. Elle se concentre ensuite sur l’ornement, la profusion de détails. Le carton se transforme en roche, en nymphées, peuplées de lianes et d’éléments empruntés à la nature.

Ce mélange de nature et culture se révèle également au sein de ses œuvres brodées. L’artiste convoque tour à tour la splendide salle des broderies du Palais Colonna de Rome (découverte lors de sa résidence à la Villa Médicis), mais également la peinture des Nabis et d’Édouard Vuillard où les figures et le fond se mélangent dans une profusion infinie de détails. L’entrelacs des fils colorés créé un rythme et rappelle l’abondance des traits présents dans les dessins à l’encre de l’artiste. Ceux-ci, considérés comme des œuvres à part entière, constituent également les modèles pour les broderies, ce qui dans le jargon artistique est communément appelé carton. La boucle est alors bouclée.

Les dessins et la grande broderie présentés dans l’exposition révèlent des versions préparatoires et menues des pans de broderie monumentaux qui seront dévoilés lors de la présentation de l’artiste à l’Orangerie de Versailles. Eva Jospin y montrera en effet sa toute première œuvre brodée datant de 2021, La Chambre de soie, réalisée à l’occasion d’un défilé de la collection haute couture de la maison Dior avec deux lés rajoutés pour épouser les lieux.

Au gré de l’exposition, on retrouve à plusieurs reprises la forêt, en carton, en bronze et pour la première fois en haut-relief brodé. La forêt liée aux récits de notre enfance est surtout pour l’artiste, une forêt mentale. Un lieu dans lequel on aime se perdre et se retrouver, rassemblant nos craintes, et nos questionnements. Avec le carton, laissé brut, la forêt se place à la frontière du monde industriel et naturel. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les côtés pour discerner les subterfuges, apercevoir les supports, constater la profondeur qui s’interrompt au contact du mur, et assister ainsi à la révélation d’un diorama.

La version en bronze moulé d’après une forêt en carton a été brossée et cirée. L’enchevêtrement des branchages laisse entrevoir le côté alvéolé de sa matrice en carton. Le bronze, laissé brut, met en avant la couleur du métal, et rappelle ainsi les reliquaires ou les sculptures que l’on retrouve dans les temples en Asie, évoquant une fois de plus les multiples inspirations convoquées par l’artiste.

De son côté, la version brodée, première de son genre à être dévoilée au public, se revêt de voiles de soie délicatement colorés, et recrée les percées de lumière filtrant à travers les brindilles. Ici l’artifice est double : elle se veut forêt et carton à la fois. Si jusqu’à présent la broderie, dans le travail de l’artiste, ne sortait jamais du plan, maintenant elle fait irruption dans l’espace. En forêt ou en grotte, la broderie reprend non seulement les couleurs de la végétation, mais également les textures.

Tromper l’œil est une promenade riche en matières et techniques dans laquelle Eva Jospin nous guide pas à pas, suivant les méandres poétiques de son imagination.

À propos de l’artiste :

Eva Jospin, née en 1975 à Paris, est diplômée de l’École nationale supérieure des beauxarts de Paris. Depuis une quinzaine d’années, elle compose de minutieux paysages forestiers et architecturaux, qu’elle décline dans différents médiums. Pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2017, Eva Jospin a bénéficié de nombreuses expositions d’envergure internationale, notamment au Palais de Tokyo à Paris (Inside, 2014), au Palazzo dei Diamanti à Ferrare en 2018, au Museum Pfalzgalerie à Kaiserslautern en 2019, à la Hayward Gallery à Londres en 2020, au Het Noordbrabants Museum à Den Bosch (Paper Tales, 2021), au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris (Galleria, 2021), à la Fondation Thalie à Bruxelles (Panorama, 2023) et au Palais des Papes à Avignon (Palazzo, 2023). L’artiste a également dévoilé plusieurs installations monumentales et immersives dans le cadre de commandes spécifiques, au centre de la Cour carrée du Louvre (Panorama, 2016) ou à l’Abbaye de Montmajour (Cénotaphe, 2020), et signé la création d’un ensemble de panneaux brodés pour le défilé haute couture automne-hiver 2021-2022 de la maison Dior au musée Rodin (Chambre de soie, 2021). Eva Jospin a également créé des œuvres pérennes au Domaine de Chaumont-surLoire, (Folie, 2015), à Beaupassage à Paris (La Traversée 2018) et à Nantes (Le Passage, 2019). Plus récemment, elle a inauguré une installation permanente conçue comme un jardin d’hiver sur la Piazza del Liberty à Milan (Microclima, 2022) et a signé un projet de gare du Grand Paris, en tandem avec l’architecte Jean-Paul Viguier (Gare Hôpital Bicêtre, 2024).

En 2024, de nouvelles expositions personnelles d’Eva Jospin sont organisées au Museo Fortuny à Venise (Selva), à GALLERIA CONTINUA à Paris (Tromper l’œil), et à l’Orangerie du château de Versailles (Eva Jospin - Versailles).

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