A propos Jérôme Liegeois :
Jérôme Liégeois est un artiste Marseillais dont le médium de prédilection est la photographie.
Pour Jérôme Liegeois, la photographie n’est plus une passion : « c’est un sacerdoce » une hygiène de vie. Il fait ses photos à l’argentique, au moyen format, au numérique, au polaroid sx7O.
En 2013, le travail de Jérôme Liegeois sur la photographie de mode a fait l'objet d'une belle rétrospective à la Galerie Alter Ego à Aix. En 2016, il a été invité pour exposer la série « raisonnance des volumes » aux rencontres d’Arles, puis la série « épiderme du territoire » (Marseille, 2017).
Dernièrement, Jérôme Liegeois a connu un très beau succès lors de son expositon organisée par la galerie de Francony, où il exposait sa dernière série « Les Nyctalopies », une magnifique série entre déambulation et voyage initiatique au coeur de la ville d'Osaka.
Il apprend la photo en autodidacte lorsqu’il est adolescent, puis se perfectionne dès ses 20 ans au sein des rédactions de journaux qui lui commandent des reportages. En tant que photojournaliste, il collabore ainsi avec des agences de presse pendant une dizaine d’années et se détache en 2003 de cette activité pour ouvrir son propre studio au Vieux Port.
C’est grâce à la pratique de la photographie appliquée (le studio) qu’il s’oriente alors dans la mode et la pub et sans pour autant laisser de côté ses commandes, c’est naturellement que ses créations personnelles prennent le dessus. Il s’atèle à créer des séries de photographies artistiques, en toute liberté sans la contrainte des commandes, en laissant son inspiration le guider de manière obsessionnelle.
Sources d’inspiration
Mes sources d’inspiration proviennent des écrivains Yasunari Kawabata, Haruky Murakami, Bret Easton Elis, des peintres surréalistes et des photographes Joan Foncuberta, Roger Ballen, Zhang Kechun. Le minimalisme ainsi que les haïkus me nourrissent également.
Thèmes de prédilection
Malgré mes pérégrinations photographiques je reviens toujours vers mes thèmes de prédilections que sont l’épiderme et le territoire représentés par des femmes et des paysages. Je m’attache à perturber les liens entre ce qui peut être plusieurs réalités.
J’instaure le doute concernant la vérité de la photographie. Des hypothèses sont ainsi probables sur la même photo.
Les méthodes
Pour moi une photo est la retranscription d’un ressenti très personnel. J’essaie de comprendre pourquoi je préfère faire cette photo plutôt qu’une autre, en découle des réflexions introspectives. Cela me mène a effacer le travail précédant pour à terme aboutir à un corpus cohérent qui finalise un projet.
Les différents moyens de photographier tous aussi bons les uns que les autres me permettent d’utiliser le digital, l’argentique, le polaroid et toutes transformations et bricolages possibles. Rester manuel c’est pour moi primordial, même en digital.
Il m’arrive de me servir de mes insomnies pour faire voyager mon corps par la pensée et collecter des visions apaisantes. J’utilise ensuite ces déambulations imaginaires pour penser mes photographies, que je réalise dans un état proche du somnambulisme. Avec se dispositif, je soulève la question du déplacement physique ou imaginaire.
Les nyctalopies
Dans sa série « nyctalopies », Jérôme Liegeois travaille sur la mémoire sélective, sur ce que le cerveau choisit d’oublier ou de retenir.
Il en découle dans ses photos, une subtile sensation de voyage au travers de sa mémoire. La surexposition limite la visibilité des éléments superflus, la palette chromatique varie et seules les formes graphiques et les couleurs vives dominent dans une ambiance cotonneuse
Le style
J’essaie de ne pas rentrer dans des cases en soulevant plutôt plusieurs hypothèses dans mes images. Je m’attache à perturber les liens que peuvent être plusieurs réalités différentes sur la même photographie. Pour citer les photographies d’horizons d’Iroshi Sugimoto, les premiers hommes sur la terre avaient exactement la même réalité devant eux que l’on a aujourd’hui sans que rien n’ait changé. J’affectionne cette idée d’intemporalité.
Nyctalopies
​J’ai longtemps imaginé pendant que j’essayais de m’endormir ce voyage à Osaka que je préparais depuis des mois. Je faisais évoluer mon esprit dans le peu de ce que je connaissais déjà au travers des guides touristiques.
Un matin, je me suis réveillé dans une chambre capsule, j’avais réellement projeté mon corps dans une ville lointaine. Le souvenir de mon rêve s’effaçait au fur et à mesure que les secondes filaient. Je me posais la question de comment le corps sélectionne ce que l’on retient et ce que l’on oublie.
J’avais l’intention de devenir maître de ma mémoire, de décider de ce que je retiendrai et de ce que j’oublierai de ce voyage.
Je flânais sur les boulevards autour des buildings aux façades vitrées qui réfléchissaient le soleil et supprimaient les ombres portées. C’était comme si le soleil stagnait au zénith. Des formes graphiques et des couleurs vives se mêlaient dans une ambiance cotonneuse. Dans cette surexposition générale, je n’y voyais presque rien.