A propos de Alban de Chateauvieux :
Né en 1979, et formé aux arts appliqués, Alban de Chateauvieux a travaillé près de vingt ans comme illustrateur. Aquarelliste, il met sa pratique du carnet de voyage au service d’entreprises haut-de-gamme.
Lorsqu’en 2018, il établi l’Atelier 360 au sein du tiers-lieu Marseillais CocoVelten, il prépare Milagros, sa première exposition personnelle dans un centre d’art contemporain. Il y élabore un parallèle entre sa collection de près d’un millier d’affichettes d’animaux perdus et la pratique religieuse de l’ex-voto. Il y est question d’intime et d’espérance.
Avec la série Saut/Chute/Envol, il renoue avec sa sensibilité de plasticien et livre une série vivifiante à travers laquelle figures et matières dialoguent et se complètent. Vigoureuses traces de brosse et couleurs qui éclaboussent la toile manifestent la présence généreuse de l’artiste dans les fonds. A la « surface », peinture ou dessin sont plus appliqués, presque académiques. Ce décalage entre deux formes d’intervention picturale, qui souvent s’opposent dans le champs de la peinture, provoque une sorte de vibration sensible.
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S’ils gardent en mémoire la sensation grisante de l’envol, nos corps et nos âmes sont rompus à l’art de la chute. Braver la gravité, déjouer nos pesanteurs, comme une seconde nature. Tout petits déjà , avec l’apprentissage de la marche, nous découvrons combien il est périlleux de s’arracher au sol et comme cette émancipation se paye en émotions. Grandir, c’est prendre des risques. Goûter à l’ailleurs, élargir son champs d’action, conquérir sa liberté, sont autant de bonnes raisons de défier inlassablement la chute.
Plus tard, nos trajectoires amoureuses, professionnelles, ou sociales, resteront marquées par ces oscillations symboliques, entre aspirations et vertiges. Jusqu’à ne plus parvenir à distinguer vraiment nos ascensions de nos crashs. Si je quitte mon job, est-ce plutôt un envol ou une chute? Et vieillir, mourir... envol ou chute?
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Les corps impriment la toile et, traversant, nous racontent. Ils disent notre vitalité, nos tentatives de déjouer notre condition, d’élaborer d’improbables évasions... et témoignent de nos vertiges et de nos vulnérabilités. Ils perdent leurs repères dans l’air devenu mer. Ils parlent d’enthousiasme mais aussi d’angoisse ou de peur brute. Si nos corps sont composés d’eau, nos âmes le sont d’envols et de chutes. »
Alban de Chateauvieux
Les dessins aux allures de gravures botaniques qui composent les séries Zoréol et Boi Sakré évoquent l’ancrage identitaire de l’artiste entre Marseille et l’île de La Réunion où l’on nomme Zoréol l’enfant qui nait de l’union d’un parent Zoreï (métropolitain) et d’un parent Kréol. La végétation, exotique, y apparaît comme un pont jeté entre deux mondes. Le dessin, minutieux et complexe, peine à civiliser une matière libre et vigoureuse. Ces séries, aux abords plus « esthétiques », traitent d’enracinement et de déracinement.