From classic painting to neopop art, the common thread in all the artworks of Guacolda, engravings, paintings, video, drawing… is the trait. It connects them. In his works, the trait is "Link", "footprint" or "Vibration". Generator of unexpected events, the trait weaves sense...
Transdisciplinary artist, Guacolda is graduated of the Ecole Supérieure des Beaux-Arts in Paris and Fine Arts of Barcelona. Her works are part of many private and public collections. And her work is regularly rewarded with invitations to artist residencies (Tokyo, Lisbon, Lebanon, ...)
Avec mon pinceau, je tisse ma toile. C’est comme si je brodais avec des fils de peinture. Par petites touches de pinceau, j’assemble sur ma toile les traits, - histoires fantastiques, - postures de lutte. - images de l’histoire de l’art - images de défilés de mode, - personnaes de mon entourage - autoportraits les traits tapissent ma toile d’évènements.
From classic painting to neopop art, the common thread in all the artworks of Guacolda, engravings, paintings, video, drawing… is the trait. It connects them. In his works, the trait is "Link", "footprint" or "Vibration". Generator of unexpected events, the trait weaves sense...
Transdisciplinary artist, Guacolda is graduated of the Ecole Supérieure des Beaux-Arts in Paris and Fine Arts of Barcelona. Her works are part of many private and public collections. And her work is regularly rewarded with invitations to artist residencies (Tokyo, Lisbon, Lebanon, ...)
2016 RAJA ART. France 2016 ECLA, Artothèque Saint-Cloud. France 2015 Le Radar, Artothèque, Bayeux. France 2011 Institut Franco Japonais de Tokyo. Réalisation d’une fresque, Japon 2009 Ville de Fontenay-sous-Bois, France 2003 Artothèque de l’inspection académique du Maine et Loire, France 2002 Ventes publiques Hôtel Drouot, France 2005 Ventes publiques Hôtel Drouot, France 2000 Dépôt légal à la Bibliothèque Nationale, France
# Publications
2018 « De fil en aiguille » La broderie dans l’art contemporain. Edition PYRAMYD 2013 Arrabal livre rare (gravures) avec Michel Pelloille 2012 Music, le Coltin Grafik 2008 Film dans l’atelier « surimpressions » (4‘) 2008 Création d’une affiche publique pour la ville de Montreuil 2003 Documentaire « Guacolda dans la foule » Film I.N.A. 2002 « Echo futur » livre sur un texte de Marie Gayet 2000 Catalogue de la biennale de gravure de Campo-Basso.
# Awards & prizes
2014 Résidence Galerie Fadi Moghabghab, Aïn Zhalta, Liban 2012 Résidence CPS de Lisbonne, (Centre Portugais de Sérigraphie) Portugal 2007 PRIX GRAV’X galerie Michèle Broutta, France 2006 Mac Val 94 bourse individuelle à la création. Ivry sur Seine, France 2004 DRAC Ile de France, bourse d’aide à l’aménagement d’atelier, France 1991 Bourse d’études ERASMUS Beaux-Arts de Barcelone, Espagne
# Solo show
2017 Galerie Insula - Paris, France 2016 LA GALERU - Fontenay-sous-bois, France 2015 Artothèque Ecla - Saint-Cloud, Franc 2014 RentingArt - Neuilly sur Seine, France 2013 Les infirmières galeries - Paris, France 2013 Journée de l’estampe - Paris, France 2013 Journée des métiers d’Art - Paris, France 2012 CPS de Lisbonne (Centre Portugais de Sérigraphie) - Lisbonne, Portugal 2012 Journée des métiers d’Art - Paris, France 2011 Galerie D’Est et d’Ouest - Paris, France 2011 Institut Franco Japonais - Tokyo, Japon 2010 «Famille » Galerie Ducastel - Avignon, France 2009 «Jardin » Galerie Benezit - Paris, France 2009 Galerie Septentrion - Marcq en Baroeul, France 2007 «Jeu » Galerie Benezit - Paris, France 2005 Galerie Ducastel - Avignon, France 2004 «Gourmandise » Galerie M.Bénézit - Paris, France 2003 Gravicel - Lille, France 2002 Galerie M.Bénézit - Paris, France 2002 «Renaissance» C N d’Art et d’Essai, Lucernaire - Paris, France 2000 Bibliothèque Robert Desnos - Montreuil, France 1998 Galerie M. Bénézit - Paris, France 1997 «Silhouettes» La Villette, Pavillon janvier - Paris, France
# Group show
2023 «Sur le fil » - Bois Colombes 2022 Biennale d’art contemporain de Champigny - Champigny Sur Marne 2022 Alice au pays des merveilles - Paris 2021 Salo IX - Paris 2020 Hotel Pont Royal - Paris 2019 The Fibery - Paris 2019 Galerie Insula - Paris 2018 CO2 La petite Collection. Galerie B. Grimont - Paris 2018 Galerie Insula - Paris 2017 Salo V - Paris 2017 CO2 La petite Collection. Galerie B. Grimont - Paris 2016 Under Construction Gallary - Paris 2016 Artothèque Ecla - Saint-Cloud 2016 Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban 2016 Galerie Insula « Histoire d’Empreintes » - Paris, France 2016 Tribew saison 1 - Paris, France 2015 Alice - Issy les Moulineaux 2015 Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban 2015 116, centre d’art contemporain « La Belle Vente » - Montreuil 2014 Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban 2014 Elandarts - Paris, France 2014 Envied'art - Paris, France 2013 Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban 2013 «Format raisin» Galerie Martagon - Malaucènes, France 2013 Les docks « le Salon de la mode et du design » - Paris, France 2013 Lydie’s friends (Lydie Bonnaire) - Paris, France 2013 Galerie KO21 - Paris, France 2012 CPS de Lisbonne. (Centre Portugais de Sérigraphie) - Lisbonne, Portugal 2011 « Art en Cours » 17 artistes français - Tokyo, Japon 2011 L’artothèque l’Inventaire - Lille, France 2011 Atelier Mandarine - Brest, France 2010 L’artothèque le Radar - Bayeux, France 2009 Galerie Stéphanie Hoppen - Londres, Angleterre 2008 ST’ART FOIRE EUROPEENNE D’ART CONTEMPORAIN - Strasbourg, France 2008 Espace Dialogos - Cachan, France 2007 PRIX GRAV’X galerie Michèle Broutta - Paris, France 2007 APACC « KOER » - Montreuil, France 2005 ARTCITE 2005 - Fontenay-sous-Bois, France 2004 Galerie Arts pluriels - Nantes, France 2003 IV BIENNALE de la Gravure d’ile-de-France - Versailles, France 2002 Le Trait - Paris, France 2001 Salon « Grands et Jeunes d’Aujourd’hui » - Paris, France 2001 Galerie La Hune Brenner - Paris, France 2000 « Trace 2000 » Biennale d’estampes - net, France 2000 Campo-Basso Biennale de la Gravure - Italie 1998 Salon Estampas (Galerie Marina) - Madrid, Espagne
# Education
1993 Licence d’arts plastiques. Paris VIII 1991 DNSAP Diplôme de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris
# Enseignement
2014 Professeur à l’Ecole d’Arts Plastiques de Fontenay-Sous-Bois, France 2013 Création d’un atelier gravure Liban. Galerie Mogabgab, Liban 2011 Professeur à l’Ecole d’Arts Plastiques Paul Belmondo. Rosny-Sous-Bois, France
Le point commun à toutes mes « œuvres », gravures, peintures, vidéo, dessin…est le trait. Il les relie.
Le trait LIEN.
Avec mon pinceau, je tisse ma toile. C’est comme si je brodais avec des fils de peinture. Par petites touches de pinceau, j’assemble sur ma toile les traits, - histoires fantastiques, - postures de lutte. - images de l’histoire de l’art - images de défilés de mode, - personnaes de mon entourage - autoportraits les traits tapissent ma toile d’évènements.
Le trait EMPREINTE
Le trait comme empreinte, il ne reprend que les contours de personnages d’horizons différents. Il me permet de faire des superpositions et de faire correspondre les dessins . Le « hasard » des superpositions crée des rencontres. Par ces entrelacements je crée des chorégraphies en deux dimensions. C’est un voyage dans le temps, entre le passé et le présent, entre l’imaginaire et la réalité.C’ est un moyen de dépasser le quotidien tout en y étant.. C’est être à la fois dans plusieurs dimensions.
Le trait VIBRATION
Il s’apparente à une écriture à déchiffrer, à interpréter. Il crée du mouvement . Il a différentes épaisseurs, différentes couleurs, est net ou tremblé,fin ou épais, il se répète et vibre sur n’importe quel support. La narration n’est pas l’objectif de l’œuvre, elle peut apparaître dans la globalité de l’image,. Flux d’animation, la forme sans cesse soumise à des métamorphoses n’arrive à prendre son aspect reconnaissable que dans l’instant de grâce pendant lequel on reconnaît ce qu’il y a d’humain dans ces métamorphoses.
Dans la sûreté d’un trait ne prêtant à nulle équivoque sur la certitude d’une démarche, à travers des choix chromatiques accompagnant le dessin avec une rare pertinence, Guacolda imprime sa marque dans l’ensemble de ses œuvres.
Présence de l’artiste dans ses travaux, signe d’une maturité proche d’un achèvement et loin de son aboutissement car les voies qu’elle s’est ouvertes sont innombrables et peuvent parcourir un monde.
Monde transparent, presque invisible, monde pourtant infiniment présent ; quelques traînées sombres, quelques surfaces colorées, en affirment la matérialité, une matérialité où l’apparence semble dissoute sous l’effet de quelques mystérieux éléments résumant l’essentiel, rappellent que de la réalité n’apparaît que l’apparence, le superficiel, l’épiderme qui pourtant importent plus, ont une signification plus forte que des profondeurs impossibles à atteindre.
Quand surgissent quelques traces, s’opposant avec une violence contenue à l’apparence dominante, émergent chemins et prés, nuages sur la mer, fumées sur la ville. Cet environnement pourrait être, à lui seul, l’œuvre.
Pourtant Guacolda, à l’instar de Jean Dubuffet, a créé un peuple qui habite ses travaux ; peuple vivant dans une curieuse apesanteur à travers l’espace, non comme les oiseaux de Georges Braque traversant un ciel vide où n’est présent que leur vol ; car cette étrange population, même en flottant dans le vide, effleure cependant une terre bien réelle et dont il est évident quelle est issue, à laquelle elle est indiscutablement liée. Ces personnages vont du dessus au dessous, de l’envers à l’endroit, de l’avers au revers, dans une confusion, voulue et mesurée, de formes toujours mouvantes, faisant de l’espace du rêve celui de l’éveil, rendant l’imaginaire naturel, la vérité possible fiction.
Qui sont ces êtres, emmêlés, entrelacés, affrontés, opposés ; leurs logiques sont-elles amoureuses ou guerrières ; les deux à la fois, peut-être ou alternées suivant de mystérieuses règles régissant le moment et le lieu. Vers où vont ces essaims aux personnages étroitement confondus mais dont chaque personnalité est discernable, où d’infimes nuances donnent aux visages et aux corps des configurations toujours différentes ; ruche où toutes les abeilles seraient différentes des autres, tout en gardant ce qui les rend abeilles.
L’attention la plus aiguë est indispensable pour explorer les infinies nuances, les minuscules variantes qui offrent à ces visages les reflets de leurs réalités profondes, ceux de leurs aventures, les marques de leurs désirs assouvis, refusés ou oubliés.
Toute la complexité qui est la nôtre imprègne l’œuvre de Guacolda, elle nous renvoie à notre impossibilité d’être seul et notre difficulté d’être ensemble, nos désirs de victoires et notre constante tension vers la tendresse, les délices de l’acte amoureux et le désarroi qui les suit.
Stendhalienne, car miroir reflétant nos chemins, balzacienne en son fourmillement, cette œuvre est aussi un guide sur le long effort de la pensée.
Jean de Bengy
Inspecteur Général de la Création Artistique Ministère de la Culture
TRAIT POUR TRAIT: LES GRAVURES DE GUACOLDA
Le voyageur égaré dans les replis de la mémoire épelle tous les vocables du lexique, entremêlant quechua et kabyle, amharique et aymara — idiomes vivaces, dialectes moribonds. Au gré des allitérations, s'alignent les syllabes & phonèmes dont l'agencement préside à l'invention d'un nouveau monde: plage sonore et langue de sable mémorable.
Encore inconscient de l'âpreté des sécrétions mentales qui l'agitent, le voyageur inventorie toute une forêt de signes, un entrelac de rhizomes en forme de grimoire. Il goûte à la sève des mots. Son névraxe, tel un arbre convulsé par la foudre, s'anime d'un flash électro-chimique.
Depuis sa chambre d'échos enfouie sous des tonnes de matière fossile jusqu'à l'orée des régions synaptiques où s'enracine le premier mot, le voyageur invente son chemin : déployé à l'extrême, son gyrus cingulaire épouse le ventre de la Terre tandis qu'un navire en route pour Valparaiso franchit l'équateur.
Tout au bout de la diagonale, sur le sol chilien, une enfant joue à la marelle. Son corps invente les pleins et les déliés d'une écriture encore inconnue d'elle — graphie instable, sans cesse renouvelée par la fluidité des échanges vitaux.
Un pas, un saut à cloche-pied, un envol comme pour dépasser le bleu du ciel — on se plaît à imaginer ce "Tournesol évasif" (robe jaune et cœur grisé par la lumière du jour) qui, bien plus tard, laissera sa marque sur le papier — puis l'enfant sort du tracé de la marelle et se retrouve parmi les siens.
Au pays de l'enfance, les fruits sont musiciens: ils accordent leur pulpe aux bouches enfantines. Et les "Anges outremer" semblent émerger d'un liquide amniotique pour, littéralement, nager dans l'air. Sur ce rivage du Pacifique, jamais foulé par l'homme aux semelles de vent, les femmmes brodent l'arc-en-ciel des arpilleras. Elles impriment leur vision du monde et donnent à l'histoire une implusion, à l'enfant un trait de caractère. L'enfant devenue femme se souviendra de cellles qui, jour après jour, incarnaient la rébellion. Guacolda trace un trait — sillon à peine esquissé qui dessine le soleil des étreintes, la liaison de la chair et de l'empreinte. Les danseurs, multipliés en salves charnelles, intensifient la tension. Ici, rien de figé (de solide): la chair tremble. Le corps se meut et s'émeut, s'extirpe du stéréotype. Le corps fait signe. L'artiste grave, traits pour traits, un monde à son image. Le motif se détache et flotte: silhouettes hors limites, cibles sensibles sous le regard des censeurs .
Aux corps en état d'apesanteur, la "Danse d'argile" imprime sa cadence: celle de l'union libre. Libre aussi, mais sur le fil du rasoir, la "Fréuence vermillon" livre son impression sanguine. Ailleurs, les "Ombres flottantes", filles d'Oneiros, mêlent comme par osmose leur lactance aux rêves d'une femme endormie. Décliné en "Gris embrassade", le feux qui couve sous la cendre s'apparente à l'affrontement simulé de la capoera, aux esquives & feintes d'une "Querelle d'or"_ les deux gravures paraissant vouées à l'embrasement subreptice. ci, comme toujours lorqui'il s'agit de création _ que celle ci soit explosive ou mesurée _ , c'est la chair sensible qui exprime son jus? sa substence émotive. Ce qui se trame à l'intérieur d'un corps humain _ évènement notable ou drame imperceptible _ transparait sur le papier, si proche de l'écorce, de l'épiderme. Le trait répond aux rides, aux blessures profondes, aux entailles superficielles. La gravure conserve la trace des bolversements antérieur et augure peut être de ceux quiu viendront plus tard.
A la face grimaçante du monde, l'artiste jette ses cris et ses battements de coeur. Le monde les avale sans un frémissement, sans l'ombre d'un remords. Si le graveur ignore le repentir du peintre; si chaque trait doit avoir de la tenue, rien n'empêche l'émotion intime, le vacillement, la surprise. Entre la vie immédiate et la survie aliénante, la ligne d'équilibre se dessine à la pointe sèche. Celle-ci, telle l'aiguille du sismographe, enregistre le plus infime séisme charnel.
Pour Guacolda, il s'agit d'avancer pas à pas vers le monde, mais surtout de pacifier le chemin. De l'eau précieuse à l'eau-forte, la translation ne s'effectue pas sans douleur car rien, pas même le geste créatif, ne saurait faire oublier les sacrifices humains et leur calendrier perpétuel. L'acide creuse l'acier. L'encre remplit les veines du métal. La volonté de l'artiste s'affirme en "Rouge pacifique". Il y a cinq siècles, une princesse araucane instillait son venin dans le cœur de son compagnon, coupable à ses yeux de ne pas s'être opposé aux conquistarores. Aujourd'hui, le sable dévore les restes de la légende. Cependant l'histoire continue. Là-bas, tout au bout de la ligne, l'air et le feu, ensemble déchaînés, unissent leur fièvre tellurique à la cordillère des andes — immense dorsale hantée par l'écho d'une consonne apicale —, au moment où le voyageur, déposant son bagage, réduit sa quête infinie à une seule question : Comment faire corps avec le monde sans se perdre de vue ? A la question du voyageur, répondent les musiques et les danses d'un peuple jamais vaincu. Le sang coule dans les chansons indiennes. Le sang coule sur les pages de la Araucana. Le sang coule dans les caves de la dictature chilienne. Le temps ajoute une ride à l'épiderme de la planète. Mise en balance avec une bribe de savoir, toute croyance, rongée ou non par le sang versé, dévoile sa propre vacuité. L'acier mordu par l'acide s'emplit d'une encre révélatrice. Le voyageur prononce le premier mot. L'artiste lui fait signe.
Georges Terme
Arpilleras : tissus brodés de motifs populaires ou politiques. Capoeira : danse de combat brésilienne, d'origine africaine. Eau précieuse : le sang des sacrifices humains dans l'Amérique précolombienne
Le point commun à toute mes « œuvres », gravures, peintures, vidéo, dessin…est le trait. Il les relie.
Le trait LIEN.
Avec mon pinceau, je tisse ma toile. C’est comme si je brodais avec des fils de peinture. Par petites touches de pinceau, j’assemble sur ma toile les traits, - histoires fantastiques, - postures de lutte. - images de l’histoire de l’art - images de défilés de mode, - personnaes de mon entourage - autoportraits les traits tapissent ma toile d’évènements.
Le trait EMPREINTE
Le trait comme empreinte, il ne reprend que les contours de personnages d’horizons différents. Il me permet de faire des superpositions et de faire correspondre les dessins . Le « hasard » des superpositions crée des rencontres. Par ces entrelacements je crée des chorégraphies en deux dimensions. C’est un voyage dans le temps, entre le passé et le présent, entre l’imaginaire et la réalité.C’ est un moyen de dépasser le quotidien tout en y étant.. C’est être à la fois dans plusieurs dimensions.
Le trait VIBRATION
Il s’apparente à une écriture à déchiffrer, à interpréter. Il crée du mouvement . Il a différentes épaisseurs, différentes couleurs, est net ou tremblé,fin ou épais, il se répète et vibre sur n’importe quel support. La narration n’est pas l’objectif de l’œuvre, elle peut apparaître dans la globalité de l’image,. Flux d’animation, la forme sans cesse soumise à des métamorphoses n’arrive à prendre son aspect reconnaissable que dans l’instant de grâce pendant lequel on reconnaît ce qu’il y a d’humain dans ces métamorphoses.
Dans la sûreté d’un trait ne prêtant à nulle équivoque sur la certitude d’une démarche, à travers des choix chromatiques accompagnant le dessin avec une rare pertinence, Guacolda imprime sa marque dans l’ensemble de ses œuvres.
Présence de l’artiste dans ses travaux, signe d’une maturité proche d’un achèvement et loin de son aboutissement car les voies qu’elle s’est ouvertes sont innombrables et peuvent parcourir un monde.
Monde transparent, presque invisible, monde pourtant infiniment présent ; quelques traînées sombres, quelques surfaces colorées, en affirment la matérialité, une matérialité où l’apparence semble dissoute sous l’effet de quelques mystérieux éléments résumant l’essentiel, rappellent que de la réalité n’apparaît que l’apparence, le superficiel, l’épiderme qui pourtant importent plus, ont une signification plus forte que des profondeurs impossibles à atteindre.
Quand surgissent quelques traces, s’opposant avec une violence contenue à l’apparence dominante, émergent chemins et prés, nuages sur la mer, fumées sur la ville. Cet environnement pourrait être, à lui seul, l’œuvre.
Pourtant Guacolda, à l’instar de Jean Dubuffet, a créé un peuple qui habite ses travaux ; peuple vivant dans une curieuse apesanteur à travers l’espace, non comme les oiseaux de Georges Braque traversant un ciel vide où n’est présent que leur vol ; car cette étrange population, même en flottant dans le vide, effleure cependant une terre bien réelle et dont il est évident quelle est issue, à laquelle elle est indiscutablement liée. Ces personnages vont du dessus au dessous, de l’envers à l’endroit, de l’avers au revers, dans une confusion, voulue et mesurée, de formes toujours mouvantes, faisant de l’espace du rêve celui de l’éveil, rendant l’imaginaire naturel, la vérité possible fiction.
Qui sont ces êtres, emmêlés, entrelacés, affrontés, opposés ; leurs logiques sont-elles amoureuses ou guerrières ; les deux à la fois, peut-être ou alternées suivant de mystérieuses règles régissant le moment et le lieu. Vers où vont ces essaims aux personnages étroitement confondus mais dont chaque personnalité est discernable, où d’infimes nuances donnent aux visages et aux corps des configurations toujours différentes ; ruche où toutes les abeilles seraient différentes des autres, tout en gardant ce qui les rend abeilles.
L’attention la plus aiguë est indispensable pour explorer les infinies nuances, les minuscules variantes qui offrent à ces visages les reflets de leurs réalités profondes, ceux de leurs aventures, les marques de leurs désirs assouvis, refusés ou oubliés.
Toute la complexité qui est la nôtre imprègne l’œuvre de Guacolda, elle nous renvoie à notre impossibilité d’être seul et notre difficulté d’être ensemble, nos désirs de victoires et notre constante tension vers la tendresse, les délices de l’acte amoureux et le désarroi qui les suit.
Stendhalienne, car miroir reflétant nos chemins, balzacienne en son fourmillement, cette œuvre est aussi un guide sur le long effort de la pensée.
Jean de Bengy
Inspecteur Général de la Création Artistique Ministère de la Culture
TRAIT POUR TRAIT: LES GRAVURES DE GUACOLDA
Le voyageur égaré dans les replis de la mémoire épelle tous les vocables du lexique, entremêlant quechua et kabyle, amharique et aymara — idiomes vivaces, dialectes moribonds. Au gré des allitérations, s'alignent les syllabes & phonèmes dont l'agencement préside à l'invention d'un nouveau monde: plage sonore et langue de sable mémorable.
Encore inconscient de l'âpreté des sécrétions mentales qui l'agitent, le voyageur inventorie toute une forêt de signes, un entrelac de rhizomes en forme de grimoire. Il goûte à la sève des mots. Son névraxe, tel un arbre convulsé par la foudre, s'anime d'un flash électro-chimique.
Depuis sa chambre d'échos enfouie sous des tonnes de matière fossile jusqu'à l'orée des régions synaptiques où s'enracine le premier mot, le voyageur invente son chemin : déployé à l'extrême, son gyrus cingulaire épouse le ventre de la Terre tandis qu'un navire en route pour Valparaiso franchit l'équateur.
Tout au bout de la diagonale, sur le sol chilien, une enfant joue à la marelle. Son corps invente les pleins et les déliés d'une écriture encore inconnue d'elle — graphie instable, sans cesse renouvelée par la fluidité des échanges vitaux.
Un pas, un saut à cloche-pied, un envol comme pour dépasser le bleu du ciel — on se plaît à imaginer ce "Tournesol évasif" (robe jaune et cœur grisé par la lumière du jour) qui, bien plus tard, laissera sa marque sur le papier — puis l'enfant sort du tracé de la marelle et se retrouve parmi les siens.
Au pays de l'enfance, les fruits sont musiciens: ils accordent leur pulpe aux bouches enfantines. Et les "Anges outremer" semblent émerger d'un liquide amniotique pour, littéralement, nager dans l'air. Sur ce rivage du Pacifique, jamais foulé par l'homme aux semelles de vent, les femmmes brodent l'arc-en-ciel des arpilleras. Elles impriment leur vision du monde et donnent à l'histoire une implusion, à l'enfant un trait de caractère. L'enfant devenue femme se souviendra de cellles qui, jour après jour, incarnaient la rébellion. Guacolda trace un trait — sillon à peine esquissé qui dessine le soleil des étreintes, la liaison de la chair et de l'empreinte. Les danseurs, multipliés en salves charnelles, intensifient la tension. Ici, rien de figé (de solide): la chair tremble. Le corps se meut et s'émeut, s'extirpe du stéréotype. Le corps fait signe. L'artiste grave, traits pour traits, un monde à son image. Le motif se détache et flotte: silhouettes hors limites, cibles sensibles sous le regard des censeurs .
Aux corps en état d'apesanteur, la "Danse d'argile" imprime sa cadence: celle de l'union libre. Libre aussi, mais sur le fil du rasoir, la "Fréuence vermillon" livre son impression sanguine. Ailleurs, les "Ombres flottantes", filles d'Oneiros, mêlent comme par osmose leur lactance aux rêves d'une femme endormie. Décliné en "Gris embrassade", le feux qui couve sous la cendre s'apparente à l'affrontement simulé de la capoera, aux esquives & feintes d'une "Querelle d'or"_ les deux gravures paraissant vouées à l'embrasement subreptice. ci, comme toujours lorqui'il s'agit de création _ que celle ci soit explosive ou mesurée _ , c'est la chair sensible qui exprime son jus? sa substence émotive. Ce qui se trame à l'intérieur d'un corps humain _ évènement notable ou drame imperceptible _ transparait sur le papier, si proche de l'écorce, de l'épiderme. Le trait répond aux rides, aux blessures profondes, aux entailles superficielles. La gravure conserve la trace des bolversements antérieur et augure peut être de ceux quiu viendront plus tard.
A la face grimaçante du monde, l'artiste jette ses cris et ses battements de coeur. Le monde les avale sans un frémissement, sans l'ombre d'un remords. Si le graveur ignore le repentir du peintre; si chaque trait doit avoir de la tenue, rien n'empêche l'émotion intime, le vacillement, la surprise. Entre la vie immédiate et la survie aliénante, la ligne d'équilibre se dessine à la pointe sèche. Celle-ci, telle l'aiguille du sismographe, enregistre le plus infime séisme charnel.
Pour Guacolda, il s'agit d'avancer pas à pas vers le monde, mais surtout de pacifier le chemin. De l'eau précieuse à l'eau-forte, la translation ne s'effectue pas sans douleur car rien, pas même le geste créatif, ne saurait faire oublier les sacrifices humains et leur calendrier perpétuel. L'acide creuse l'acier. L'encre remplit les veines du métal. La volonté de l'artiste s'affirme en "Rouge pacifique". Il y a cinq siècles, une princesse araucane instillait son venin dans le cœur de son compagnon, coupable à ses yeux de ne pas s'être opposé aux conquistarores. Aujourd'hui, le sable dévore les restes de la légende. Cependant l'histoire continue. Là-bas, tout au bout de la ligne, l'air et le feu, ensemble déchaînés, unissent leur fièvre tellurique à la cordillère des andes — immense dorsale hantée par l'écho d'une consonne apicale —, au moment où le voyageur, déposant son bagage, réduit sa quête infinie à une seule question : Comment faire corps avec le monde sans se perdre de vue ? A la question du voyageur, répondent les musiques et les danses d'un peuple jamais vaincu. Le sang coule dans les chansons indiennes. Le sang coule sur les pages de la Araucana. Le sang coule dans les caves de la dictature chilienne. Le temps ajoute une ride à l'épiderme de la planète. Mise en balance avec une bribe de savoir, toute croyance, rongée ou non par le sang versé, dévoile sa propre vacuité. L'acier mordu par l'acide s'emplit d'une encre révélatrice. Le voyageur prononce le premier mot. L'artiste lui fait signe.
Georges Terme
Arpilleras : tissus brodés de motifs populaires ou politiques. Capoeira : danse de combat brésilienne, d'origine africaine. Eau précieuse : le sang des sacrifices humains dans l'Amérique précolombienne
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