Guacolda

Papaye

€400
Original engraving on paper Limited edition of 99, signed and numbered
65
x 50 cm

Quantity

A Question ? > Contact Us
 

reassuarence-customicon  

Secured payment

reassuarence-customicon  

Safe delivery

reassuarence-customicon  

Satisfied or refunded

reassuarence-customicon  

A question : 06 08 91 20 80

About Guacolda :

From classic painting to neopop art, the common thread in all the artworks of Guacolda, engravings, paintings, video, drawing… is the trait. It connects them. In his works, the trait is "Link", "footprint" or "Vibration". Generator of unexpected events, the trait weaves sense...

Transdisciplinary artist, Guacolda is graduated of the Ecole Supérieure des Beaux-Arts in Paris and Fine Arts of Barcelona. Her works are part of many private and public collections. And her work is regularly rewarded with invitations to artist residencies (Tokyo, Lisbon, Lebanon, ...)

Guacolda



GUACOLDA

Born in 1967

Gravure, tressage, peinture, broderie, photographie


# Collections

2016    RAJA ART. France
2016    ECLA, Artothèque Saint-Cloud. France
2015    Le Radar, Artothèque, Bayeux. France
2011    Institut Franco Japonais de Tokyo. Réalisation d’une fresque, Japon
2009    Ville de Fontenay-sous-Bois, France    
2003    Artothèque de l’inspection académique du Maine et Loire, France
2002    Ventes publiques Hôtel Drouot, France
2005    Ventes publiques Hôtel Drouot, France
2000    Dépôt légal à la Bibliothèque Nationale, France


# Publications

2018   « De fil en aiguille » La broderie dans l’art contemporain. Edition PYRAMYD
2013    Arrabal livre rare (gravures) avec Michel Pelloille
2012    Music, le Coltin Grafik
2008    Film dans l’atelier « surimpressions » (4‘)
2008    Création d’une affiche publique pour la ville  de  Montreuil
2003    Documentaire « Guacolda dans la foule » Film I.N.A.
2002    « Echo futur »  livre sur un texte de Marie Gayet
2000    Catalogue de la biennale de gravure de Campo-Basso.


# Awards & prizes

2014    Résidence Galerie Fadi Moghabghab, Aïn Zhalta, Liban
2012    Résidence CPS de Lisbonne, (Centre Portugais de Sérigraphie) Portugal
2007    PRIX GRAV’X galerie Michèle Broutta, France
2006    Mac Val 94  bourse individuelle à la création. Ivry sur Seine, France
2004    DRAC Ile de France, bourse d’aide à l’aménagement d’atelier, France
1991    Bourse d’études ERASMUS Beaux-Arts de Barcelone, Espagne


# Solo show

2017    Galerie Insula - Paris, France
2016    LA GALERU - Fontenay-sous-bois, France
2015    Artothèque Ecla - Saint-Cloud, Franc
2014    RentingArt - Neuilly sur Seine, France
2013     Les infirmières galeries - Paris, France
2013    Journée de l’estampe - Paris, France
2013    Journée des métiers d’Art - Paris, France
2012    CPS de Lisbonne  (Centre Portugais de Sérigraphie) - Lisbonne, Portugal
2012    Journée des métiers d’Art - Paris, France
2011    Galerie D’Est et d’Ouest - Paris, France
2011    Institut Franco Japonais - Tokyo, Japon
2010    «Famille » Galerie Ducastel - Avignon, France
2009    «Jardin » Galerie Benezit - Paris, France
2009     Galerie Septentrion - Marcq en Baroeul, France
2007    «Jeu » Galerie Benezit - Paris, France
2005    Galerie Ducastel - Avignon, France
2004    «Gourmandise » Galerie M.Bénézit - Paris, France
2003    Gravicel - Lille, France
2002     Galerie M.Bénézit - Paris, France
2002    «Renaissance» C N d’Art et d’Essai, Lucernaire - Paris, France
2000    Bibliothèque Robert  Desnos - Montreuil, France
1998     Galerie M. Bénézit - Paris, France
1997    «Silhouettes»  La Villette, Pavillon janvier - Paris, France


# Group show

2023   «Sur le fil » - Bois Colombes
2022    Biennale d’art contemporain de Champigny - Champigny Sur Marne
2022    Alice au pays des merveilles - Paris
2021    Salo IX - Paris
2020    Hotel Pont Royal - Paris
2019    The Fibery - Paris
2019    Galerie Insula - Paris
2018    CO2 La petite Collection. Galerie B. Grimont - Paris
2018    Galerie Insula - Paris
2017    Salo V - Paris
2017    CO2 La petite Collection. Galerie B. Grimont - Paris
2016    Under Construction Gallary - Paris
2016    Artothèque Ecla - Saint-Cloud
2016    Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban
2016    Galerie Insula « Histoire d’Empreintes » - Paris, France
2016    Tribew saison 1 - Paris, France
2015    Alice - Issy les Moulineaux
2015    Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban
2015    116, centre d’art contemporain « La Belle Vente » - Montreuil
2014    Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban
2014    Elandarts - Paris, France
2014    Envied'art - Paris, France
2013     Beirut artfair galerie Fadi Mogabgab - Beyrouth, Liban
2013    «Format raisin» Galerie Martagon - Malaucènes, France
2013    Les docks « le Salon de la mode et du design » - Paris, France
2013    Lydie’s friends (Lydie  Bonnaire) - Paris, France
2013     Galerie KO21 - Paris, France
2012    CPS de Lisbonne. (Centre Portugais de Sérigraphie) - Lisbonne, Portugal
2011     « Art en Cours » 17 artistes français - Tokyo, Japon
2011    L’artothèque l’Inventaire - Lille, France
2011    Atelier Mandarine - Brest, France
2010     L’artothèque le Radar - Bayeux, France
2009     Galerie Stéphanie Hoppen - Londres, Angleterre
2008    ST’ART FOIRE EUROPEENNE D’ART CONTEMPORAIN - Strasbourg, France
2008    Espace Dialogos - Cachan, France
2007     PRIX GRAV’X galerie Michèle Broutta - Paris, France
2007    APACC     « KOER » - Montreuil, France
2005     ARTCITE 2005 - Fontenay-sous-Bois, France
2004     Galerie Arts pluriels - Nantes, France
2003     IV BIENNALE de la Gravure d’ile-de-France - Versailles, France
2002    Le Trait - Paris, France
2001    Salon « Grands et Jeunes d’Aujourd’hui » - Paris, France
2001    Galerie La Hune Brenner    - Paris, France
2000    « Trace 2000 » Biennale d’estampes - net, France
2000    Campo-Basso Biennale de la Gravure - Italie
1998    Salon Estampas (Galerie Marina) - Madrid, Espagne


# Education

1993     Licence d’arts plastiques. Paris VIII    
1991    DNSAP  Diplôme de l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris


# Enseignement
 
2014   Professeur à l’Ecole d’Arts Plastiques de Fontenay-Sous-Bois, France    
2013   Création d’un atelier gravure Liban. Galerie Mogabgab, Liban
2011  Professeur à l’Ecole d’Arts Plastiques Paul Belmondo. Rosny-Sous-Bois, France








DGuacolda

Le point commun à toutes mes « œuvres », gravures, peintures, vidéo, dessin…est le trait. Il les relie.

Le trait LIEN.

Avec mon pinceau, je tisse ma toile. C’est comme si je brodais avec des fils de peinture. Par petites touches de pinceau, j’assemble sur ma toile les traits, - histoires fantastiques, - postures de lutte. - images de l’histoire de l’art - images de défilés de mode, - personnaes de mon entourage - autoportraits les traits tapissent ma toile d’évènements.

Le trait EMPREINTE

Le trait comme empreinte, il ne reprend que les contours de personnages d’horizons différents. Il me permet de faire des superpositions et de faire correspondre les dessins . Le « hasard » des superpositions crée des rencontres. Par ces entrelacements je crée des chorégraphies en deux dimensions. C’est un voyage dans le temps, entre le passé et le présent, entre l’imaginaire et la réalité.C’ est un moyen de dépasser le quotidien tout en y étant.. C’est être à la fois dans plusieurs dimensions.

Le trait VIBRATION

Il s’apparente à une écriture à déchiffrer, à interpréter. Il crée du mouvement . Il a différentes épaisseurs, différentes couleurs, est net ou tremblé,fin ou épais, il se répète et vibre sur n’importe quel support. La narration n’est pas l’objectif de l’œuvre, elle peut apparaître dans la globalité de l’image,. Flux d’animation, la forme sans cesse soumise à des métamorphoses n’arrive à prendre son aspect reconnaissable que dans l’instant de grâce pendant lequel on reconnaît ce qu’il y a d’humain dans ces métamorphoses.

Guacolda Ebook

Dans la sûreté d’un trait ne prêtant à nulle équivoque sur la certitude d’une démarche, à travers des choix chromatiques accompagnant le dessin avec une rare pertinence, Guacolda imprime sa marque dans l’ensemble de ses œuvres.

Présence de l’artiste dans ses travaux, signe d’une maturité proche d’un achèvement et loin de son aboutissement car les voies qu’elle s’est ouvertes sont innombrables et peuvent parcourir un monde.

Monde transparent, presque invisible, monde pourtant infiniment présent ; quelques traînées sombres, quelques surfaces colorées, en affirment la matérialité, une matérialité où l’apparence semble dissoute sous l’effet de quelques mystérieux éléments résumant l’essentiel, rappellent que de la réalité n’apparaît que l’apparence, le superficiel, l’épiderme qui pourtant importent plus, ont une signification plus forte que des profondeurs impossibles à atteindre.

Quand surgissent quelques traces, s’opposant avec une violence contenue à l’apparence dominante, émergent chemins et prés, nuages sur la mer, fumées sur la ville. Cet environnement pourrait être, à lui seul, l’œuvre.

Pourtant Guacolda, à l’instar de Jean Dubuffet, a créé un peuple qui habite ses travaux ; peuple vivant dans une curieuse apesanteur à travers l’espace, non comme les oiseaux de Georges Braque traversant un ciel vide où n’est présent que leur vol ; car cette étrange population, même en flottant dans le vide, effleure cependant une terre bien réelle et dont il est évident quelle est issue, à laquelle elle est indiscutablement liée. Ces personnages vont du dessus au dessous, de l’envers à l’endroit, de l’avers au revers, dans une confusion, voulue et mesurée, de formes toujours mouvantes, faisant de l’espace du rêve celui de l’éveil, rendant l’imaginaire naturel, la vérité possible fiction.

Qui sont ces êtres, emmêlés, entrelacés, affrontés, opposés ; leurs logiques sont-elles amoureuses ou guerrières ; les deux à la fois, peut-être ou alternées suivant de mystérieuses règles régissant le moment et le lieu. Vers où vont ces essaims aux personnages étroitement confondus mais dont chaque personnalité est discernable, où d’infimes nuances donnent aux visages et aux corps des configurations toujours différentes ; ruche où toutes les abeilles seraient différentes des autres, tout en gardant ce qui les rend abeilles.

L’attention la plus aiguë est indispensable pour explorer les infinies nuances, les minuscules variantes qui offrent à ces visages les reflets de leurs réalités profondes, ceux de leurs aventures, les marques de leurs désirs assouvis, refusés ou oubliés.

Toute la complexité qui est la nôtre imprègne l’œuvre de Guacolda, elle nous renvoie à notre impossibilité d’être seul et notre difficulté d’être ensemble, nos désirs de victoires et notre constante tension vers la tendresse, les délices de l’acte amoureux et le désarroi qui les suit.

Stendhalienne, car miroir reflétant nos chemins, balzacienne en son fourmillement, cette œuvre est aussi un guide sur le long effort de la pensée.

Jean de Bengy

Inspecteur Général de la Création Artistique
Ministère de la Culture




TRAIT POUR TRAIT: LES GRAVURES DE GUACOLDA

Le voyageur égaré dans les replis de la mémoire épelle tous les vocables du lexique, entremêlant quechua et kabyle, amharique et aymara — idiomes vivaces, dialectes moribonds. Au gré des allitérations, s'alignent les syllabes & phonèmes dont l'agencement préside à l'invention d'un nouveau monde: plage sonore et langue de sable mémorable.

Encore inconscient de l'âpreté des sécrétions mentales qui l'agitent, le voyageur inventorie toute une forêt de signes, un entrelac de rhizomes en forme de grimoire. Il goûte à la sève des mots. Son névraxe, tel un arbre convulsé par la foudre, s'anime d'un flash électro-chimique.

Depuis sa chambre d'échos enfouie sous des tonnes de matière fossile jusqu'à l'orée des régions synaptiques où s'enracine le premier mot, le voyageur invente son chemin : déployé à l'extrême, son gyrus cingulaire épouse le ventre de la Terre tandis qu'un navire en route pour Valparaiso franchit l'équateur.

Tout au bout de la diagonale, sur le sol chilien, une enfant joue à la marelle. Son corps invente les pleins et les déliés d'une écriture encore inconnue d'elle — graphie instable, sans cesse renouvelée par la fluidité des échanges vitaux.

Un pas, un saut à cloche-pied, un envol comme pour dépasser le bleu du ciel — on se plaît à imaginer ce "Tournesol évasif" (robe jaune et cœur grisé par la lumière du jour) qui, bien plus tard, laissera sa marque sur le papier — puis l'enfant sort du tracé de la marelle et se retrouve parmi les siens.

Au pays de l'enfance, les fruits sont musiciens: ils accordent leur pulpe aux bouches enfantines. Et les "Anges outremer" semblent émerger d'un liquide amniotique pour, littéralement, nager dans l'air. Sur ce rivage du Pacifique, jamais foulé par l'homme aux semelles de vent, les femmmes brodent l'arc-en-ciel des arpilleras. Elles impriment leur vision du monde et donnent à l'histoire une implusion, à l'enfant un trait de caractère. L'enfant devenue femme se souviendra de cellles qui, jour après jour, incarnaient la rébellion. Guacolda trace un trait — sillon à peine esquissé qui dessine le soleil des étreintes, la liaison de la chair et de l'empreinte. Les danseurs, multipliés en salves charnelles, intensifient la tension. Ici, rien de figé (de solide): la chair tremble. Le corps se meut et s'émeut, s'extirpe du stéréotype. Le corps fait signe. L'artiste grave, traits pour traits, un monde à son image. Le motif se détache et flotte: silhouettes hors limites, cibles sensibles sous le regard des censeurs .

Aux corps en état d'apesanteur, la "Danse d'argile" imprime sa cadence: celle de l'union libre. Libre aussi, mais sur le fil du rasoir, la "Fréuence vermillon" livre son impression sanguine. Ailleurs, les "Ombres flottantes", filles d'Oneiros, mêlent comme par osmose leur lactance aux rêves d'une femme endormie. Décliné en "Gris embrassade", le feux qui couve sous la cendre s'apparente à l'affrontement simulé de la capoera, aux esquives & feintes d'une "Querelle d'or"_ les deux gravures paraissant vouées à l'embrasement subreptice. ci, comme toujours lorqui'il s'agit de création _ que celle ci soit explosive ou mesurée _ , c'est la chair sensible qui exprime son jus? sa substence émotive. Ce qui se trame à l'intérieur d'un corps humain _ évènement notable ou drame imperceptible _ transparait sur le papier, si proche de l'écorce, de l'épiderme. Le trait répond aux rides, aux blessures profondes, aux entailles superficielles. La gravure conserve la trace des bolversements antérieur et augure peut être de ceux quiu viendront plus tard.

A la face grimaçante du monde, l'artiste jette ses cris et ses battements de coeur. Le monde les avale sans un frémissement, sans l'ombre d'un remords. Si le graveur ignore le repentir du peintre; si chaque trait doit avoir de la tenue, rien n'empêche l'émotion intime, le vacillement, la surprise. Entre la vie immédiate et la survie aliénante, la ligne d'équilibre se dessine à la pointe sèche. Celle-ci, telle l'aiguille du sismographe, enregistre le plus infime séisme charnel.

Pour Guacolda, il s'agit d'avancer pas à pas vers le monde, mais surtout de pacifier le chemin. De l'eau précieuse à l'eau-forte, la translation ne s'effectue pas sans douleur car rien, pas même le geste créatif, ne saurait faire oublier les sacrifices humains et leur calendrier perpétuel. L'acide creuse l'acier. L'encre remplit les veines du métal. La volonté de l'artiste s'affirme en "Rouge pacifique". Il y a cinq siècles, une princesse araucane instillait son venin dans le cœur de son compagnon, coupable à ses yeux de ne pas s'être opposé aux conquistarores. Aujourd'hui, le sable dévore les restes de la légende. Cependant l'histoire continue. Là-bas, tout au bout de la ligne, l'air et le feu, ensemble déchaînés, unissent leur fièvre tellurique à la cordillère des andes — immense dorsale hantée par l'écho d'une consonne apicale —, au moment où le voyageur, déposant son bagage, réduit sa quête infinie à une seule question : Comment faire corps avec le monde sans se perdre de vue ? A la question du voyageur, répondent les musiques et les danses d'un peuple jamais vaincu. Le sang coule dans les chansons indiennes. Le sang coule sur les pages de la Araucana. Le sang coule dans les caves de la dictature chilienne. Le temps ajoute une ride à l'épiderme de la planète. Mise en balance avec une bribe de savoir, toute croyance, rongée ou non par le sang versé, dévoile sa propre vacuité. L'acier mordu par l'acide s'emplit d'une encre révélatrice. Le voyageur prononce le premier mot. L'artiste lui fait signe.

Georges Terme

Arpilleras : tissus brodés de motifs populaires ou politiques.
Capoeira : danse de combat brésilienne, d'origine africaine.
Eau précieuse : le sang des sacrifices humains dans l'Amérique précolombienne


Le point commun à toute mes « œuvres », gravures, peintures, vidéo, dessin…est le trait. Il les relie.

Le trait LIEN.

Avec mon pinceau, je tisse ma toile. C’est comme si je brodais avec des fils de peinture. Par petites touches de pinceau, j’assemble sur ma toile les traits, - histoires fantastiques, - postures de lutte. - images de l’histoire de l’art - images de défilés de mode, - personnaes de mon entourage - autoportraits les traits tapissent ma toile d’évènements.

Le trait EMPREINTE

Le trait comme empreinte, il ne reprend que les contours de personnages d’horizons différents. Il me permet de faire des superpositions et de faire correspondre les dessins . Le « hasard » des superpositions crée des rencontres. Par ces entrelacements je crée des chorégraphies en deux dimensions. C’est un voyage dans le temps, entre le passé et le présent, entre l’imaginaire et la réalité.C’ est un moyen de dépasser le quotidien tout en y étant.. C’est être à la fois dans plusieurs dimensions.

Le trait VIBRATION

Il s’apparente à une écriture à déchiffrer, à interpréter. Il crée du mouvement . Il a différentes épaisseurs, différentes couleurs, est net ou tremblé,fin ou épais, il se répète et vibre sur n’importe quel support. La narration n’est pas l’objectif de l’œuvre, elle peut apparaître dans la globalité de l’image,. Flux d’animation, la forme sans cesse soumise à des métamorphoses n’arrive à prendre son aspect reconnaissable que dans l’instant de grâce pendant lequel on reconnaît ce qu’il y a d’humain dans ces métamorphoses.

Dans la sûreté d’un trait ne prêtant à nulle équivoque sur la certitude d’une démarche, à travers des choix chromatiques accompagnant le dessin avec une rare pertinence, Guacolda imprime sa marque dans l’ensemble de ses œuvres.

Présence de l’artiste dans ses travaux, signe d’une maturité proche d’un achèvement et loin de son aboutissement car les voies qu’elle s’est ouvertes sont innombrables et peuvent parcourir un monde.

Monde transparent, presque invisible, monde pourtant infiniment présent ; quelques traînées sombres, quelques surfaces colorées, en affirment la matérialité, une matérialité où l’apparence semble dissoute sous l’effet de quelques mystérieux éléments résumant l’essentiel, rappellent que de la réalité n’apparaît que l’apparence, le superficiel, l’épiderme qui pourtant importent plus, ont une signification plus forte que des profondeurs impossibles à atteindre.

Quand surgissent quelques traces, s’opposant avec une violence contenue à l’apparence dominante, émergent chemins et prés, nuages sur la mer, fumées sur la ville. Cet environnement pourrait être, à lui seul, l’œuvre.

Pourtant Guacolda, à l’instar de Jean Dubuffet, a créé un peuple qui habite ses travaux ; peuple vivant dans une curieuse apesanteur à travers l’espace, non comme les oiseaux de Georges Braque traversant un ciel vide où n’est présent que leur vol ; car cette étrange population, même en flottant dans le vide, effleure cependant une terre bien réelle et dont il est évident quelle est issue, à laquelle elle est indiscutablement liée. Ces personnages vont du dessus au dessous, de l’envers à l’endroit, de l’avers au revers, dans une confusion, voulue et mesurée, de formes toujours mouvantes, faisant de l’espace du rêve celui de l’éveil, rendant l’imaginaire naturel, la vérité possible fiction.

Qui sont ces êtres, emmêlés, entrelacés, affrontés, opposés ; leurs logiques sont-elles amoureuses ou guerrières ; les deux à la fois, peut-être ou alternées suivant de mystérieuses règles régissant le moment et le lieu. Vers où vont ces essaims aux personnages étroitement confondus mais dont chaque personnalité est discernable, où d’infimes nuances donnent aux visages et aux corps des configurations toujours différentes ; ruche où toutes les abeilles seraient différentes des autres, tout en gardant ce qui les rend abeilles.

L’attention la plus aiguë est indispensable pour explorer les infinies nuances, les minuscules variantes qui offrent à ces visages les reflets de leurs réalités profondes, ceux de leurs aventures, les marques de leurs désirs assouvis, refusés ou oubliés.

Toute la complexité qui est la nôtre imprègne l’œuvre de Guacolda, elle nous renvoie à notre impossibilité d’être seul et notre difficulté d’être ensemble, nos désirs de victoires et notre constante tension vers la tendresse, les délices de l’acte amoureux et le désarroi qui les suit.

Stendhalienne, car miroir reflétant nos chemins, balzacienne en son fourmillement, cette œuvre est aussi un guide sur le long effort de la pensée.

Jean de Bengy

Inspecteur Général de la Création Artistique
Ministère de la Culture




TRAIT POUR TRAIT: LES GRAVURES DE GUACOLDA

Le voyageur égaré dans les replis de la mémoire épelle tous les vocables du lexique, entremêlant quechua et kabyle, amharique et aymara — idiomes vivaces, dialectes moribonds. Au gré des allitérations, s'alignent les syllabes & phonèmes dont l'agencement préside à l'invention d'un nouveau monde: plage sonore et langue de sable mémorable.

Encore inconscient de l'âpreté des sécrétions mentales qui l'agitent, le voyageur inventorie toute une forêt de signes, un entrelac de rhizomes en forme de grimoire. Il goûte à la sève des mots. Son névraxe, tel un arbre convulsé par la foudre, s'anime d'un flash électro-chimique.

Depuis sa chambre d'échos enfouie sous des tonnes de matière fossile jusqu'à l'orée des régions synaptiques où s'enracine le premier mot, le voyageur invente son chemin : déployé à l'extrême, son gyrus cingulaire épouse le ventre de la Terre tandis qu'un navire en route pour Valparaiso franchit l'équateur.

Tout au bout de la diagonale, sur le sol chilien, une enfant joue à la marelle. Son corps invente les pleins et les déliés d'une écriture encore inconnue d'elle — graphie instable, sans cesse renouvelée par la fluidité des échanges vitaux.

Un pas, un saut à cloche-pied, un envol comme pour dépasser le bleu du ciel — on se plaît à imaginer ce "Tournesol évasif" (robe jaune et cœur grisé par la lumière du jour) qui, bien plus tard, laissera sa marque sur le papier — puis l'enfant sort du tracé de la marelle et se retrouve parmi les siens.

Au pays de l'enfance, les fruits sont musiciens: ils accordent leur pulpe aux bouches enfantines. Et les "Anges outremer" semblent émerger d'un liquide amniotique pour, littéralement, nager dans l'air. Sur ce rivage du Pacifique, jamais foulé par l'homme aux semelles de vent, les femmmes brodent l'arc-en-ciel des arpilleras. Elles impriment leur vision du monde et donnent à l'histoire une implusion, à l'enfant un trait de caractère. L'enfant devenue femme se souviendra de cellles qui, jour après jour, incarnaient la rébellion. Guacolda trace un trait — sillon à peine esquissé qui dessine le soleil des étreintes, la liaison de la chair et de l'empreinte. Les danseurs, multipliés en salves charnelles, intensifient la tension. Ici, rien de figé (de solide): la chair tremble. Le corps se meut et s'émeut, s'extirpe du stéréotype. Le corps fait signe. L'artiste grave, traits pour traits, un monde à son image. Le motif se détache et flotte: silhouettes hors limites, cibles sensibles sous le regard des censeurs .

Aux corps en état d'apesanteur, la "Danse d'argile" imprime sa cadence: celle de l'union libre. Libre aussi, mais sur le fil du rasoir, la "Fréuence vermillon" livre son impression sanguine. Ailleurs, les "Ombres flottantes", filles d'Oneiros, mêlent comme par osmose leur lactance aux rêves d'une femme endormie. Décliné en "Gris embrassade", le feux qui couve sous la cendre s'apparente à l'affrontement simulé de la capoera, aux esquives & feintes d'une "Querelle d'or"_ les deux gravures paraissant vouées à l'embrasement subreptice. ci, comme toujours lorqui'il s'agit de création _ que celle ci soit explosive ou mesurée _ , c'est la chair sensible qui exprime son jus? sa substence émotive. Ce qui se trame à l'intérieur d'un corps humain _ évènement notable ou drame imperceptible _ transparait sur le papier, si proche de l'écorce, de l'épiderme. Le trait répond aux rides, aux blessures profondes, aux entailles superficielles. La gravure conserve la trace des bolversements antérieur et augure peut être de ceux quiu viendront plus tard.

A la face grimaçante du monde, l'artiste jette ses cris et ses battements de coeur. Le monde les avale sans un frémissement, sans l'ombre d'un remords. Si le graveur ignore le repentir du peintre; si chaque trait doit avoir de la tenue, rien n'empêche l'émotion intime, le vacillement, la surprise. Entre la vie immédiate et la survie aliénante, la ligne d'équilibre se dessine à la pointe sèche. Celle-ci, telle l'aiguille du sismographe, enregistre le plus infime séisme charnel.

Pour Guacolda, il s'agit d'avancer pas à pas vers le monde, mais surtout de pacifier le chemin. De l'eau précieuse à l'eau-forte, la translation ne s'effectue pas sans douleur car rien, pas même le geste créatif, ne saurait faire oublier les sacrifices humains et leur calendrier perpétuel. L'acide creuse l'acier. L'encre remplit les veines du métal. La volonté de l'artiste s'affirme en "Rouge pacifique". Il y a cinq siècles, une princesse araucane instillait son venin dans le cœur de son compagnon, coupable à ses yeux de ne pas s'être opposé aux conquistarores. Aujourd'hui, le sable dévore les restes de la légende. Cependant l'histoire continue. Là-bas, tout au bout de la ligne, l'air et le feu, ensemble déchaînés, unissent leur fièvre tellurique à la cordillère des andes — immense dorsale hantée par l'écho d'une consonne apicale —, au moment où le voyageur, déposant son bagage, réduit sa quête infinie à une seule question : Comment faire corps avec le monde sans se perdre de vue ? A la question du voyageur, répondent les musiques et les danses d'un peuple jamais vaincu. Le sang coule dans les chansons indiennes. Le sang coule sur les pages de la Araucana. Le sang coule dans les caves de la dictature chilienne. Le temps ajoute une ride à l'épiderme de la planète. Mise en balance avec une bribe de savoir, toute croyance, rongée ou non par le sang versé, dévoile sa propre vacuité. L'acier mordu par l'acide s'emplit d'une encre révélatrice. Le voyageur prononce le premier mot. L'artiste lui fait signe.

Georges Terme

Arpilleras : tissus brodés de motifs populaires ou politiques.
Capoeira : danse de combat brésilienne, d'origine africaine.
Eau précieuse : le sang des sacrifices humains dans l'Amérique précolombienneÂ